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Passant le désordre
Renée Laberge

Annie Labrecque | 1 décembre 2025

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La Dre Renée Laberge a embrassé avec la même ferveur la médecine familiale et la poésie. Dans son premier recueil, Passant le désordre, elle démontre avec sensibilité qu’elle peut saisir autant l’essence humaine que la musicalité des mots.

L’ouvrage de poésie s’articule au­­tour de trois grands chapitres : « MOI toi nous », « moi TOI nous » et « moi toi NOUS ». Le point de départ est d’abord centré sur le regard de l’écrivaine, puis progresse vers l’autre, qui devient le sujet principal, avant de s’élargir au nous qui représente la communauté et l’humanité.

Le quotidien de la médecin cinquantenaire teinte sa prose. Comme lorsqu’elle évoque la souffrance des corps et que « les larmes ne seront pas le remède » ou encore lorsqu’elle constate, en tant que soignante lucide, qu’il est déjà trop tard devant l’inévitable :

« De bienveillance solidaire

nous sommes vaincues

vous le savez déjà mais

vous soutenez la respiration

dans la veine la palpitation

des ventricules or

il est déjà trop tard »

La Dre Laberge écrit les hivers, les territoires autochtones, la « vie qui n’est pas une sinécure », la douleur des corps, les instants de Québec, la ville où elle vit. Mais ses mots sont aussi imprégnés de la beauté de l’imperfection, de joie, d’amour, d’empathie, d’espoir, car sans eux la poésie n’existerait pas. Les magnifiques illustrations d’Alice Paré-Mouillot viennent ponctuer et renforcer le récit avec délicatesse.

Passant le désordre est une belle rencontre entre médecine et poésie. La Dre Laberge rappelle que guérir et écrire, c’est prêter attention à la vie.

Les Éditions L’Hybride, Québec, 2024, 116 pages, 19 $ (version numé­rique : 14,99$), https://bit.ly/4nEid3U