Éditorial

2025, année catastrophique

Marc-André Amyot | 1 décembre 2025

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J’aurais sincèrement préféré pouvoir brosser un bilan annuel positif de la médecine de famille au Québec. Parler du lien essentiel qui unit les médecins et leurs patients, des prouesses du terrain, des innovations et de l’esprit de collaboration qui nous distingue.

Or, cette volonté a été éclipsée par la déconnexion, l’entêtement et l’incapacité du gouvernement de la CAQ à comprendre ce qui se passe dans nos cliniques, nos urgences, nos hôpitaux. Pour notre profession, mais surtout pour nos patients, l’année 2025 aura été rien de moins qu’une catastrophe.

En janvier dernier, j’exprimais nos objectifs pour 2025 :

  • poursuivre les négociations d’un accord-cadre juste et équitable ;
  • accroître l’attractivité de la médecine de famille dans un réseau public fort ;
  • permettre aux médecins d’offrir aux patients des soins de qualité.

Douze mois plus tard, après des attaques frontales répétées, des insinuations mensongères, un projet de médecine fast food déconnecté du terrain et une loi matraque coercitive et liberticide érodant l’état de droit et ne laissant absolument aucune place à une négociation réelle, difficile de reconnaître la moindre cohérence dans l’action du gouvernement en santé.

Comme si cela ne suffisait pas, nous avons eu droit à une séance de CAQsplaining en règle ! Le ministre de la Santé a soudainement ressenti, mais seulement une fois la loi 2 imposée, le besoin de « nous expliquer », sur un ton paternaliste, comment sa réforme devait être comprise alors que tout, absolument tout, dans cette loi témoigne d’un déni profond et inquiétant.

La loi 2 n’ajoute rien d’utile : juste de la méfiance, de la bureau­cratie, des sanctions. Elle décourage, fragilise et vide la médecine de famille de son sens le plus fondamental.

Des médecins unis et allumés

Pourtant, malgré le dénigrement et le manque de considération, les médecins de famille ont continué d’assurer une présence indispensable dans toutes les sphères du réseau. Vous avez suivi vos patients avec rigueur, offert un accès à plus d’un million de patients orphelins grâce au GAP et soutenu un réseau déjà au bord de la rupture — en deuxième ligne, dans les hôpitaux, en soins de longue durée, en enseignement. Tout cela dans un contexte de pression constante et d’incertitude croissante.

Et vous vous êtes exprimés publiquement, massivement. Avec éloquence, avec force, avec engagement. Malgré les tentatives manifestes de réduire vos voix au silence, vous avez pris votre place dans l’espace public, et vos voix ont résonné partout au Québec ! Et le public vous a entendus.

Nous sommes, quant à nous, allés à la rencontre de milliers de médecins de famille pour entendre vos réalités, vos inquiétudes : la tournée GMF au printemps, les rencontres estivales sur le projet de loi 106, les assemblées générales annuelles à l’automne. Vos messages sont clairs, constants, lucides : vous voulez soigner, vraiment soigner. Vous voulez du temps, du soutien, de la reconnaissance.

Le 9 novembre, lors du rassemblement Médecins unis pour la santé, je nous ai sentis plus solidaires que jamais derrière un objectif commun : défendre une vision de la santé qui met l’humain au centre de ses objectifs. Une société où soigner ne se résume pas à remplir des cases dans un tableau Excel, mais à écouter, à comprendre et à accompagner.

Si ça ne va pas…

En cette fin d’année tumultueuse, je sais que plusieurs d’entre vous vivent une détresse réelle, accentuée par les incertitudes liées au 1er janvier 2026. Si vous traversez une période difficile, faites appel au PAMQ. C’est confidentiel, c’est un outil qui est là pour vous. Il n’y a aucune honte à demander de l’aide.

Sachez également que toute l’équipe de la FMOQ demeure à vos côtés. Notre objectif reste le même : que vous puissiez exercer la médecine de famille avec bonheur, fierté et stabilité, ici, au Québec. Les données sont claires : la santé des médecins influence directement celle de leurs patients.

Malgré ce bilan peu reluisant pour le gouvernement, nous ne reculerons pas. Et nous ne lâcherons personne. Pour nos patients ! Pour la relève ! Pour l’avenir de notre profession !

Pour un Québec où soigner veut encore dire : écouter, comprendre et agir avec humanité.

 

Le 01 décembre 2025

Marc-André Amyot

Président de la FMOQ,
Dr Marc-André Amyot